Chine –Tibet
Automne 2006, Glagla l'Himalaya…
Bonjour, Ni aho, Tachidelek, Namaste
“Namaste”, le bonjour Népalais est le plus approprié en ce moment car nous vous adressons un petit coucou de Katmandou, la capitale népalaise, où plane une curieuse impression de vacances!... Il faut dire qu’on n’était pas à la noce là-haut ces derniers jours, là-haut dans ces montagnes himalayennes, à tenter de franchir avec notre petit vélo chargé des cols au delà de 5000 mètres et des poussières. Pour tout dire… les poussières c’étaient nous!! “A ramasser à la petite cuillère” qu’on était!!
A ce propos on a une petite proposition à vous faire : si vous voulez du sport, si vous voulez de la fièvre, si vous voulez tester votre “positive attitude”, votre motivation ainsi que votre humeur face au vent et au froid, si vous voulez expier vos derniers péchés, vous connaître un peu mieux ou connaître un peu mieux votre compagne(on), enfin si vous cherchez à perdre tous vos nerfs, pardon vos kilos superflus et avoir rapidement une belle silhouette, alors nous vous proposons d’être vos guides pour un p’tit tour à bicyclette au Tibet! Pas avant novembre bien sur, sinon c’est trop facile! Hum.
Bien sur vous apprendrez ce qu’on appelle tachycardie ou début d'oedème pulmonaire, mais vous serez contents d’être revenus parmi les vivants. De même vous en sortirez au mieux très enrhumés mais l’avantage est que vous pourrez cracher partout sans honte, les chinois vous montrent l’exemple tous les jours, femmes, flics et cuistots inclus! Bien sur vous aurez aussi des problèmes de digestion en altitude mais vous pourrez aussi avoir des renvois à tout moment, personne n’y prêtera attention. Bien sur aussi vous ne trouverez pas de douche chaude pour vous laver mais vous serez toujours plus propres que les chinois et les tibétains.
Bref vous aurez peut-être quelques petites séquelles mais vous aurez surtout de sacrés souvenirs dans la tête : le silence et la beauté des hauts plateaux tout d’abord, la gentillesse et le sourire des tibétains ainsi que l’originalité de leur tenue vestimentaire, la chaleur des maisons d’argile et de bois, le goût salé du thé au beurre de Yak, la saisissante atmosphère de certains monastères authentiques avec leurs odeurs d’encens mêlées à celles des bougies au beurre de yack, la particularité des rituels et des chants, et la ténacité d’un peuple qui refuse de mourir… Et surtout Lhassa, cette ville colonisée et défigurée par les chinois mais qui a su garder tout son mystère et qui voit toujours affluer à certaines périodes (comme celle ou nous étions) de nombreux pèlerins tibétains venant accomplir leurs actes de foi à l’intérieur et autour des temples sacrés. En observant ces personnages et leurs processions vous êtes rassurés de constater que les chinois n’ont pas encore réussi à anéantir la ferveur et la croyance des tibétains. Ces derniers subissent toujours un génocide culturel et démographique, et même si nous sommes à présent décongelés et que nos langues peuvent se délier, nous préférons vous inviter à lire les sites Web relatant des droits de l’homme, de la femme et des enfants au Tibet appliqués par les chinois, pour que vous sachiez ce que nous pensons du gouvernement chinois. Quand on pense que ce pays va organiser les Jeux Olympiques alors que leurs pratiques et principes sont aux antipodes des principes de l’Olympisme!...Brrr, le monde est fou qu’on vous disait, vous voyez bien qu’il n’y a pas que nous!
Pour en revenir au Tibet, nous avions commencé à parcourir cette région par son flan sud-est, partie non touristique très belle et très authentique. Nous arrivions alors du Yunnan, partie sud-ouest de la Chine, que nous avions elle-même gagnée par bateau depuis la Thaïlande (vous suivez?). Trois jours à remonter le Mékong pour arriver sous la pluie dans cette fameuse région du Yunnan réputée pour sa production du thé. Nos jambes se souviennent des petits monts mais nos yeux se souviennent surtout des plantations de thé à perte de vue, à flancs de coteaux. Plus au nord, les petites villes chinoises restaurées et très typiques (Dali, Lijiang, Zongdian) et les belles maisons de pierre ou de bois rendent notre début de parcours montagneux plus agréable. Et les chaleureuses rencontres et invitations tibétaines pour manger, dormir, labourer la terre avec les yaks ou encore (essayer de) les traire sont l’occasion d’échanger rires et sourires. Mais alors que nous commencions à aborder la haute montagne jouant au yoyo entre les 4000 mètres, les 2000, les 4000, enfin etc., un petit voleur stoppe notre “invasion” du Tibet central en dérobant gentiment le passeport de Nathalie. Cet incident de parcours nous empêche alors de pédaler vers l’ouest sur l’une des plus belles routes du Tibet en direction de Lhassa. Mais sur ce chemin opposé, nous découvrons avec surprise des villes tibétaines authentiques non touristiques dans lesquelles nous séjournons bien plus longtemps que prévu. De plus arrivés à Chengdu pour récupérer un nouveau passeport et visa, nous avons le grand plaisir d’être accueillis par des gens charmants. Jo, Yves, Adrien et Aglaé (leur minette) nous rappellent aux bons souvenirs culinaires de la France (non nous n’avons pas mangé le chat, bien qu’étant en Chine!!). Leur gentillesse et leur dévouement (et leur très bon COGNAC!) savent nous faire oublier le retard pris dans notre conquête de la capitale Tibétaine. Visa de sortie d’1 mois seulement en poche, nous prenons le train pour le toit du monde afin d’accélérer les choses. Alors que nous flânons et visitons Lhassa sans relâche et lassitude, nous enfourchons, après une chute de neige, nos bicyclettes pour les cols himalayens. 4500 mètres, 4800, 5000… le vent, le froid… le dernier col à 5200 m (et des poussières vous savez?!) nous laissera des souvenirs… marquants comme vous avez compris. Tout comme vous avez compris que nous avons l’impression d’être en vacances à présent à Katmandou qui se situe à 1350 m (et pas mal de poussières là aussi quand même!). On ne vous cache pas qu’on roupille un peu mais déjà l’hindouisme ici éveille lui aussi (après le bouddhisme) notre curiosité. Nathalie écarquille ses yeux réchauffés en voyant toutes ces femmes drapées de saris colorés. Et déambuler dans la capitale Népalaise s’avère comme découvrir des petits trésors enfouis sous des ruines, ou… de la poussière encore une fois! Elle ne nous quitte pas celle-là. Remarquez, “tous les phénomènes sont impermanents” nous disent les bouddhistes tibétains. Bref, tu étais poussière et tu redeviendras… enfin voilà. Alors normal qu’elle nous colle. CQFD. Finalement ça nous réussit le grand froid!! Tiens on va pt’ete y retourner là-haut… Ah… y’en a une qui fait les gros yeux!... SAUVE QUI PEUT!!!!!!
Nous vous raconterons plus tard l’ambiance et le charme du coeur de Katmandou qui semble à peine être sorti du Moyen Age, tout comme nous essaierons bien plus tard de vous raconter en détails notre parcours Chine–Tibet avec toutes nos impressions. Pardonnez notre court résumé pour ceux qui souhaitent en savoir plus, pardonnez aussi de ne pas (encore?) avoir écrit de lettre n°9 et encore moins la n°10. Peut-être un jour...
On vous bisouille tous en attendant nos prochaines nouvelles qui s’écriront normalement depuis l’Inde, peut-être notre dernière destination asiatique avant notre remontée sur l’Europe (?). Vishnu seul le sait !