Asie du Sud-Est
Thaïlande – Cambodge – Laos
Fin novembre 2005,« Pays des sourires »
Sawat dii et choum rip sour à tous,
Dans notre dernier message nous quittions la Malaisie et arrivions en Thaïlande, pays bouddhiste donc zen se dit-on. Ah! Tiens! Au sud du pays, il n'en est rien! Un groupuscule de terroristes musulmans sème la panique et la terreur depuis plus d'un an et demi pour obtenir l'indépendance des 5 provinces musulmanes (les seules du pays). Notre entrée se fait donc dans un climat plutôt tendu, au décor très militarisé. Barrages militaires, en pick-up ou scooter, armes en bandoulières, les militaires contrôlent, veillent et se font tuer aussi tous les jours. Préalablement informés d'une certaine tension ici, nous avons pu constater sur place l'ampleur du danger bien plus important que nous l'imaginions, et le couvre feu dans villes et villages (eh oui, là aussi!). Les militaires nous conseillent de déguerpir très vite de cette zone. Alors tout en essayant de passer à travers les balles perdues, nous fuyons… tout en restant zen quand même… pas d'emprise à la panique, c'est pas bon pour le cœur ! Du cœur ils en ont aussi, ces Thaïlandais musulmans. Un soir, notre campement est repéré : Eirphan et Milk, jeune couple musulman parlant anglais, craignant une attaque, viennent nous offrir refuge dans leur maison plus sécurisante. C'est ainsi que commence une grande amitié qui va nous transporter jusqu'à Phuket où travaille Eirphan en tant qu'architecte. Phuket la grande île, un des lieux où le Tsunami a fait ravage. Mais traces de son passage il n'en reste quasiment pas. Tout a été reconstruit à la vitesse d'un éclair pour accueillir à nouveau le tourisme de masse. Car Phuket, grande station balnéaire (que nous n'affectionnons pas généralement), ne vit que de ça, que pour ça, avec notamment en nocturne, certaines rues qui s'adonnent aux sons et lumières des rites sexuels, en toute liberté. Souvent mélange de jolies serviettes (femmes Thaïlandaises) et de vieux chiffons blancs, le tout dans un flot de fric à gogo… aller si t'as du fric Coco, tu peux toucher les lolos…
C'est toujours la saison des pluies quand nous reprenons les vélos pour Bangkok. Pluies redoutables parfois. Impossible de poser la toile de tente dehors, le sol est trop imbibé et les pluies sont diluviennes. Pas question non plus de revivre cette nuit en Malaisie, où nous flottions sur nos matelas tel un radeau en rivière. Par chance, chaque soir nous trouvons à nous abriter sous le préau d'une école ou d'un stade de foot. Et ce soir là, c'est un temple bouddhiste qui nous ‘'tente'' ! Quelle idée… fameuse ! Les moines, jeunes et moins jeunes, sont si intrigués et curieux qu'ils nous demandent de rester. Nous passerons ainsi une semaine dans ce temple, à partager la vie des moines au rythme des prières et cérémonies en tout genre avec les fidèles. Au fil des jours, nous avons l'impression de flotter, baignés d'amour… Expérience inouïe en compagnie notamment de nos deux jeunes amis moines, Art et Chang Chaï (les 2 seuls à parler un peu anglais), qui sont de vraies mères pour nous. La vie ici nous semble douce et conviviale, comme cette ambiance qui règne sur le marché flottant du village voisin. Ici tout est resté authentique, rien n'est fait pour le tourisme, nous sommes d'ailleurs les seuls étrangers. Pendant des heures, nous observons ces gens dans leurs barques, pagaies à la main, qui viennent vendre ou acheter fruits et légumes, viande, épicerie, etc. Un autre temps... Tout se passe au fil de l'eau, sur les canaux qui quadrillent la nature. Un vrai délice local. Mais il nous faut partir, quitter nos amis moines, la mégalopole Bangkok nous attend. Et il était vraiment temps de partir car faute de devenir de petits Bouddha, on serait devenu des petits boudins tant ils nous gavaient de nourriture… elle est belle la vie de moine quand même, n'est-ce pas Xavier… Oui mais se lever à 4h00 du mat et manger seulement deux fois par jour, ce n'est pas pour le Zaza ça !! Et ne pas pouvoir faire la bise aux moines attachants et séduisants chaque matin ou chaque soir, c'est pas pour Natha ça !!
L'arrivée à Bangkok à vélo… frissonnant, géant ! On se sent schtroumphs. Le temps de poser nos bagages et nos vélos chez le frère de Milk, de visiter un peu la ville, nous voilà déjà repartis (en bus cette fois-ci) pour 3 semaines vers une autre destination : le Cambodge.
Nos débuts dans ce pays se feront en compagnie de Aude et Sam, venus en voyage de noce. Sam, cambodgien d'origine, a eu le mérite de se construire en France après avoir fuit la misère de son pays à la fin des années 80. Alors que nous gagnons difficilement la maison de son oncle et sa tante sur des routes très chaotiques, il nous explique pourquoi on voit toujours des scènes de misère et nous éclaire sur les tristes pages d'histoire de ce pays, notamment la période des Khmers Rouges sous Pol Pot de 1975 à 1979 qu'il a bien connue. On se sent tout petit, notamment quand il a le courage de nous raconter ce qu'il a pu vivre et surtout ce qu'il a dû faire et manger pour survivre avant la chute de Pol Pot. La famine sévissait durant ce régime tortionnaire qui exterminait et réduisait la population à l'esclavage dans les camps de travail. Nous retrouvons Sam et Aude quelques jours plus tard à Siem Reap, aux abords des vestiges Khmers, ainsi que Sébastien, un ami français venu en vacances. Concernant ce dernier, nous lui avons sauté dessus à son arrivée : il nous ramenait le camembert, le PINEAU et le COGNAC (impossible de ramener le rouge a-t-il dit, il y avait déjà 2 bouteilles de cognac !!)…
Aaaaah douce France !… Chkrounch chkrounch chkrounch, slurp… « Au fait Séb, tu vas bien sinon?! ».
Requinqués, pardon, revivifiés, nous visiterons 3 jours durant les impressionnants temples khmers d'Angkor battis entre le Xème et le XIIIème siècle. Epoustouflant pour l'époque alors qu'ils ne disposaient que de peu de moyens. Cette période fastueuse que Sam nous explique plus en détails, laisse pantois. (…)
On est loin du régime des Khmers Rouges des années 70 dont on a pu avoir une sinistre illustration dans une ancienne prison de Phnom Penh transformée en pseudo musée des pires horreurs que l'homme puisse commettre. Le plus ennuyeux est d'imaginer qu'une partie (ou totalité ?) de l'argent versé pour voir ce musée revient certainement dans les poches des anciens Khmers Rouges, encore présents au pouvoir… Cambodge, quand retrouveras-tu ton faste d'antan, toi qui a été une des plus grandes civilisations à l'instar des Egyptiens, Mayas, Incas ou autres encore ?... Ce pays nous aura marqué. Malgré les sourires des cambodgiens, on a l'impression d'entendre encore des cris en parcourant la campagne.
Depuis quelques jours cependant, un frétillement nous anime. Après être rentrés sur Bangkok et avoir découvert avec nos amis quelques héritages artistiques de la Thaïlande (notamment à travers l'extérieur et l'intérieur de certains temples bouddhistes), nous allons reprendre les vélos et notre petite aventure. Nos amis destriers nous manquaient. Ils nous (trans)porterons lentement mais sûrement vers le nord de la Thaïlande, fuyant l'effervescence de la capitale, avant de rejoindre par la suite la Birmanie ou Le Laos, autres pays des sourires…
NathaXav
Février 2006, "Toujours aux pays des sourires"
Sabai dii a tous,
Quelques coups de pedales au nord de Bangkok durant plusieurs jours fin novembre et il nous faut nous arreter pour écrire notre lettre 8 sur les iles du Pacifique. Vite, tachons de terminer avant mi décembre afin de revoir avec plaisir la famille Masse de Charente-Maritime le temps d'une soirée à Bangkok et d'accueillir par la suite Carine et Pascale, venues depuis Paris nous rappeler notre calendrier gregorien de fin d'année, alors que nous sommes ici en Thailande en 2548 (Bouddha ayant atteint “l'eveil” 543 ans avant la naissance de Jesus) et que le nouvel an se fête en avril.
Pas d’huîtres ni de foie gras auprès du feu mais une bonne cuisine thailandaise les pieds dans le sable sur la petite île de Ko Samet au sud-est, après d’impressionnantes rencontres dans la jungle du nord-est avec les toucans géants (calao) et autres oiseaux de couleur, les gibbons (une espèce de singe) et les éléphants sauvages (ces pachydermes a moins de 20m de nous, c’est du vrai Babar en “live”). Le nouvel an se passera entre autre dans les quartiers gays de Bangkok en compagnie de notre ami Jens (craquant à point, croquant surement aussi...en “live”, mais Jens préfère les garcons...dommage les filles!) et le feu d’artifice se cloturera toujours dans la capitale avec d’autres âmes généreuses, Bernard et Chai, les premiers jours de janvier (ou les premieres nuits plus precisement !). Ces 15 jours furent évidemment arrosés de bonnes rasades de Pineau et de Cognac ramenés de France et agrémentés du bon gateau charentais “made in maison” !
Après ce programme “dépaysement en live” et le coeur serre au moment des séparations, nous reprenons nos esprits et repartons à bicyclette visa en poche pour... le Laos. Pour cela, il nous faut traverser le nord-nord-est de la Thailande un peu montagneux et très peu touristique, ce qui sous-entend tranquillité et silence! Euh un peu trop même quand pendant quelques jours nous allons nous faire surprendre par la rudesse des pentes montagneuses avoisinant les 15 %, au point de mettre pieds à terre pour ne pas faire roue arrière! Du coup on n’avance trop lentement pour pouvoir rejoindre les points de ravitaillement (villages), plutot rares dans cette zone. Et pas de bus non plus, pentes trop raides! Il fait très chaud et sec, nos forces s’amoindrissent et n’avons plus d’eau ni suffisamment a manger! Malin ! Comme si nous n’avions que 2 mois d’expérience ! Pas facile de trouver des cartes routières précises qui nous renseignent parfaitement tout comme il n’est pas toujours facile de communiquer avec ces gens qui ne parlent pas anglais pour la plupart. La « mondialisation » et « l’uniformisation » n’a pas encore fait son travail ? Nous allons finir par manifester contre les anti-mondialistes et altermondialistes !! Non franchement !... Mais rien de tel qu’une « Positive Attitude » dans ces moments là. Nous serons sortis d’affaire comme par enchantement ces rares soirs de crise : maison au milieu de nulle part, village sans épicerie, ou encore grande exploitation fermiere, la gentillesse, la simplicité et la spontanéïté de ces thailandais du Nord-est restent la même : leurs yeux vous sourient, leur sourire vous parle et leur coeur vous donne. Ouf, Que du bonheur... Tout au long de cette route qui nous mène au Laos, sourires et scènes de vie villageoises ne font qu’un, et nous l’accueillons à l’image d’une récompense de nos efforts. Quelques instants à l’ombre des maisons pilotis, et nous admirons aussi avec eux le travail du tissage des paillasses, de la soie et du coton, le travail de la vannerie, le triage du riz, la récolte du tamarin (excellent dopant)... il semble que ce soit un avant goût du Laos puisque cette région était anciennement d’origine Laotienne.
La sensation que le Laos va nous plaire est quasi instantanée lorsque nous pénétrons dans ce pays le 19 janvier. Sur la route Vientiane>Luand Prabang, les scènes emboitent celles du nord-est de la Thailande. Nous avons rarement nos deux mains sur le guidon, l’une ou l’autre étant occupée à dire constamment “Sabai dii” (bonjour) dans la traversee des villages. Les enfants déploient une énergie et une joie de vivre immemsément grande. Petits et grands n’ont rien, beaucoup moins qu’en Thailande, mais ils respirent, vivent et s’amusent. La vie semble un long fleuve tranquille, et le fleuve un long sourire. Dans la vallée du Mekong, les potagers et les rizières sont verdoyantes et généreuses. En acceptant la proposition du repiquage des plants de riz, Xavier suscitera beaucoup de rires auprès des femmes qui vont bien plus vite que lui.
La route et les lacets des montagnes s’en suivront jusqu’a Luang Prabang où l’altitude (1400 m) n’est pas celle de la Cordillère des Andes, ce qui nous arrange bien car ici pas de feuille de coca pour les coups de barre. Remarquez, on pourrait accepter les propositions d’opium comme ce fut le cas, peut-être que ça ferait le même effet après tout ? Mais bon, nous acceptons déjà parfois les propositions de boire le lao-lao (alcool de riz à environ 50 degrés) et savons qu’il n’est point trop bon d’en abuser !! Nous verrons plus tard pour l’opium ! D’accord maman ?!
Nous allons à présent quitter l’ancienne ville royale de Luang Prabang après avoir été recu fort gentiment par Benjamim et Vilay
Difficile de partir de cette ville tant l’apaisement que dégage les nombreux temples, les nombreux moines et les rives du Mekong nous enveloppe très vite, en plus de l’esprit fêtard de ses habitants. Pas vrai Ben? On se sent bien ici. Mais des régions et des groupes ethniques plus au nord, un peu coupés du reste du pays attisent aussi notre curiosité. Alors en selle...
Septembre 2006, la zen attitude aux pays des sourires
De l'accueil de Benjamin et Vilay, à la rencontre avec Sarah et Simon (émérites et très sympathiques cyclotouristes suisses) dans la quiétude de Luang Prabang, nous repartons radieux de cette ancienne Cite Royale, décidés à retrouver un village isolé plus au nord que soutient Benjamin au travers de son association (
AFANL -Association d'Aide au Nord-Laos - www.louangprabang.com/afanl). Quelques coups de pédales durant plusieurs jours, plusieurs heures de bateau, une heure de pirogue... nous y voilà. Marie, Étienne, et Joëlle (rencontrés fortuitement sur le bateau) sont des nôtres. Ensemble nous apportons cahiers et stylos au chef du village et constaterons les efforts réalisés par Benjamin, notamment dans le domaine de l'infrastructure scolaire. Là encore, pas grand chose dans les maisons de bambous, des conditions de vie et de travail très sommaires et parfois rudes, mais le sourire est large. Ils semblent avoir aussi dans ce village une énergie et un moral à toute épreuve. (C'est dans quel pays déjà où les gens ont beaucoup mais sont plutôt grincheux, râleurs, un pays où le prix de la sérénité est exorbitant?.. On sait plus!).
De multiples ethnies peuplent ces montagnes verdoyantes du nord. Mais comme l'armée américaine a largué des milliers de tonnes de bombes durant la guerre d'Indochine, mieux vaut se faire accompagner si l'on souhaite découvrir l'apparat, les moeurs et les croyances de quelques unes de ces tribus difficiles à dénicher. Avec Cédric et Valérie, encore un couple helvète fort sympa (pléonasme?), Khamman nous guidera dans la région de Muang Khua durant 2 jours de marche dans 3 villages bien distincts. Rencontre d'un autre type avec le regard mystérieux des femmes Akhas, le regard rieur des Khmmus, ou le regard fascinant des Thai Dams. Ce dernier village, niché en haut de la montagne près d'une rivière, à 2 heures de marche d'une route, nous rappelle le paradis perdu. On pourrait le croire en tout cas à travers l'accueil et le sourire de ces femmes qui ressemblent de près aux Geishas japonaises. Ils souhaitent nous revoir, nous ne demandions pas mieux et y penserons souvent sur nos vélos...
En roue libre par la suite, aussi tranquillement que leur rythme de vie, longeant les vallées aux abords des rivières, (suprêmes bénédictions pour nous le soir lors de nos campements, pauvres poisseux cyclos), nous arrêtant régulièrement dans les villages. On ne comprend pas toujours leur langage mais on sait en les observant qu'ils ne parlent pas des intérêts de leurs actions Thompson ou Total et ne cherchent pas à savoir si elles sont bel-et-bien placées en parallèle de leurs SICAV à capital variable! Loin d'une certaine société de consommation ou de certaines préoccupations capitalistes, on constate qu'ils prennent ici le temps de vivre et de communiquer entre eux. Ils ne font pas honneur à certaines industries pharmaceutiques non plus. Ils savent que tout autour d'eux, certaines plantes peuvent les guérir et les protéger (des moustiques et du paludisme par exemple!). Tiens, on nous a pas dit ça chez nous ?! Bayer et Rhône-Poulenc nous auraient menti ?
Nous nous arrêterons maintes fois dans ces villages, admirant les femmes qui tissent, celles qui filent, une autre qui fait un toit en feuilles de cocotier, pipe à la bouche. Elles "pausent" avec grand plaisir pour la photo avant de dire merci. On nous courait après en Afrique pour nous demander "argent" ou "cadeau", ici on nous remercie de nous être arrêtés et de les avoir pris en photo, synonyme de bon présage selon eux. Alors vous imaginez la joie de ces gens-là quand nous leur laissons notre photo après les avoir observés travailler, vivre, jouer, ou dormi et mangé avec eux (jusqu'au rat fumé et ragoût de chien!), et accepté le rituel de la pipe ou du fameux lao Lao, évidemment!
En rentrant par la suite en Thaïlande du nord, nous avons l'impression d'être dans un pays riche et moderne. Tout nous paraît fade, l'appareil photo ne décoche plus, nous avons quelque peu le blues de ces gens "nature", curieux (sans trop de notion d'intimité certes!), ces rasades de lao lao, nous donnant parfois une idée précise des 4 coins de la route à vélo... Mais il nous faut regagner Bangkok, un avion nous attend pour la France. Alban, le filleul de Nathalie, qui se marie avec la belle Séverine, s'est bien chargé de mettre sa marraine "témoin". Et dans la foulée, Jean-Michel et Annabel, heureux nouveaux parents, projettent de faire baptiser la belle petite Clarisse et proposent à Xavier d'en être le parrain. Très bien très bien, beaucoup d'honneur, n'en jetez plus, raisons suffisantes pour rentrer après 3 ans de voyage, en plus de toutes les autres raisons familiales et amicales ...
Pédalons alors au nord de la Thaïlande avant de rejoindre la capitale et son aéroport "Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicycleeeet teu " nous voilà fredonnant ce refrain ... mais dès 11 heures - midi, la chaleur nous accable et le disque 45 tour passe subitement sur le bouton 33 tour. Les paysages sont jaunis par la sécheresse et la visibilité réduite pour cause d'écobuage et brûlis... Ajoutez à cela les pentes dépassent les 15 pour cent dans ces petites montagnes du nord... ça nous finit! Ouf, après le souffle au coeur, la gentillesse et l'hospitalité des Thaïlandais nous redonne du baume au coeur (surtout quand ils nous proposent de mettre les vélos dans un pick-up ou camion, n'est-ce pas Nath?). Quelques semaines près de Lampang dans la famille de Chai et Bernard nous redonnent un physique et un moral à toute épreuve. En plus de leur grande attention, les invitations n'en finissent pas : ballade en charrette, spectacle d'éléphants (incroyables ces éléphants peintres), cérémonies religieuses au temple, dancing, boxe thaïlandaise (impressionnant, la violence des coups nous résonne encore dans les oreilles!), mariage des voisins, participation au nouvel an Bouddhiste ou tout est permis avec l'eau (...) et... footing pour éliminer ces chaleureuses festoyries et ripailles. Gloire à la succulente cuisine Thaïlandaise (quand elle n'est pas épicée on est d'accord), à la bière Chang et toujours cet alcool de riz de d'ssous les fagots...
Bon petit entraînement pour les retrouvailles de ce p'tit pineau des Charentes, mmmh, et ce parfum inimitable du Cognac, ces p'tits vins rouges, ces camemberts qui coulent, ces... euh... ah oui, il faut parler des chaleureuses retrouvailles familiales avant ça, bien sur! Smack Smack Smack, vous aussi on vous aime! "Et mais au fait ils sont où les gens qui vendent de la nourriture dans la rue dans leur gargotte ambulante, et où sont-ils le soir, ils ne parlent pas entre eux dans la rue? Beeuh... "civilisation avancée" qu'on nous disait dans les manuels pourtant. Ouh la la, pis ça va vite. Hein, de plus en plus vite vous dites? Mais après quoi il courent en fait?"...Bon, ravalons notre salive et nos questions stupides, ne parlons pas de nos petites expériences spirituelles ou transcendantales au cours du voyage (du moins pas tout de suite), qu'elles soient vécues après plusieurs jours dans un temple bouddhiste ou dans les moments les plus simples qui soient. Vérifions que nous avons bien un billet retour Bangkok pour ne pas être prisonniers des temps modernes, et profitons amours faisant et 3 mois durant de nos familles et amis. Trois mois de plaisir à boire les paroles des uns, manger du regard les autres (avant une éventuelle future longue absence?), une rasade de bonne humeur par ci, une pinte de rire par là, quelques petites larmes d'émotion..
Et ce sont nos amis de Lampang en Thaïlande qui se tapent sur le ventre en nous voyant revenir avec 4 kilos de plus pour la petite mère Nath et... 7 kilos de plus pour le pépère Xav! (mmmh, l'était bon le pot de grillons aussi!). Et ce n'est pas avec tout le breuvage charentais que nous leur ramenons, que ça arrange notre cas. Les bouteilles ne firent pas long feu on fous churre! très difficile de leur faire comprendre que le Cognac se déguste et ne se boit pas cul sec comme l'alcool de riz! Des larmes de rire aux petites larmes de tristesse en quittant Chai et sa famille plusieurs jours après, nous reprenons nos habitudes vélocipédiques et notre école de la vie, et ces petits bonheurs cachés dans la simplicité du quotidien.
La reprise est moins dure que nous l'aurions pensé malgré la chaleur (toujours et encore ce p'tit 34-35°C à l'ombre). Il nous faut juste à présent jongler avec averses et orages. On ne sait pas quel est le taux d'humidité de l'air, mais on sait qu'on ne sent pas très bon le soir après la ballade vélo ! Une dernière noble invitation chez la charmante Tom à Chiang Mai, et il nous faut regagner la frontière au plus vite pour une question de visa. Cette fois-ci nous repasserons en bus dans ces régions du nord traversées à vélo auparavant. Région de Chiang Rai, notamment, où une opportune invitation à un mariage dans une tribu Lisu et une rencontre étonnante avec une tribu Akha nous ont laissé avec notre ami Jens, des souvenirs marquants. Là encore, l'envie nous démange de vous raconter tous ces plaisirs et ces rituels particuliers vécus au sein de familles thaïlandaises ou avec les tribus montagnardes... allez, ce sera peut-être pour une autre fois (dans une lettre 9 imaginaire?) .
"Il faut y aller de bon matin, il faut y aller sur les chemins", nous avons quitté la "zenitude" des pays d'Asie du sud-est pour rejoindre la Chine en remontant le Mekong durant 3 jours en petit bateau-cargo. Navigation d'abord entre 3 eaux (dans le triangle d'or, entre frontières Thaïlande, Laos et Birmanie), puis navigation entre 2 eaux (entre Laos et Birmanie), mais navigation toujours sous l'eau. C'est la saison des pluies ici dans cette région du Yunnan (réputée pour son thé). Mais ne nous arrêtons pas sur ces détails, il ne faut pas traîner nous dit-on si l'on veut grimper cette fois-ci sur les épaules himalayennes, ahglaglagla paraît-il des le mois de novembre sur ces hauteurs. Alors on met les ponchos, on courbe le dos, et on change de disque : "I'm cycling in the rain, just cycling in the rain, la la lalala"....
Vamos vamos, kiss kiss a todo el mundo et...
allez les bleus, on y croit toujours!